Orthèses

Orthèses

Guillaume Bonnel

05/12 – 12/01/2014

Exposition au Pavillon de l'architecture à Pau. Conférence à deux voix le jeudi 30 janvier à 18h30 au Pavillon de l'architecture à Pau. Échanges et regards croisés entre le photographe Guillaume Bonnel et l'architecte Bernard Laclau-Lacrouts.

Le Pavillon de l'architecture à Pau et le centre d'art image/imatge s'associent pour la première fois pour présenter l'exposition de Guillaume Bonnel Orthèses. Les images de Guillaume Bonnel abordent notre relation au paysage sous l'angle d'une métaphore corporelle. Les ouvrages de génie civil qui font l'objet de ces photographies s'apparentent à de gigantesque orthèses, ils sont là pour soigner la montagne, la corriger, la parfaire….

La montagne a été l’un des premiers théâtres d’une orthopédie du paysage à grande échelle, sous l’égide du service de restauration des terrains de montagne, vers la fin du XIXème siècle. La raison de l’ingénieur a entendu par là contenir une nature impétueuse en la canalisant par la force, parfois pour en tirer profit par le biais d’installations hydro-électriques. Les ouvrages réalisés à cette fin s’apparentent le plus souvent à de gigantesques orthèses. Ils sont là pour corriger, retenir, parfaire, renforcer… Leur fonction sécuritaire les a projetés dans le paysage de manière brutale et conflictuelle, sans souci d’esthétique ni d’intégration au sens où on l’entendrait aujourd’hui. Le béton et le métal y sont laissés bruts. La fonction et l’ouvrage se confondent dans un geste architectural efficace, dénué de tout ornement.

Ces ouvrages, dont les plus anciens font désormais patrimoine, caractérisent un état particulier de notre relation à l’espace dont ils figurent une sorte de cas extrême. À côté de l’agriculture, des déplacements, ou de l’urbanisme, ils fabriquent un paysage basé sur un postulat très différent et quasi démiurgique : celui d’une restauration (du latin restaurae : rebatir, réparer, refaire) appliquée à l’échelle des éléments naturels.

Si les images de cette série tentent de saisir ces actes de jardinage démesuré en filant la métaphore corporelle dont ils sont imprégnés, elles participent également d’une recherche plus large. Derrière le lexique technique du génie civil qui s’emploie à les qualifier (virevent, toit-buse, claie, étrave, ratelier, dent freineuse, digue d’arrêt, tremplin…) ces ouvrages humanisent un univers hostile comme on soigne le corps humain : ici en suturant, là en drainant, ailleurs en enveloppant. Elles témoignent de ces «isomorphismes» théorisés par Erwin Panofsky, c’est à dire de correspondances formelles entre la pensée et les objets situés dans l’espace (architecture, paysages…). La photographie mêle donc ici une recherche sur le paysage à une recherche plastique.

La montagne que montrent ces images apparaît comme une situation-limite, comme un espace en tension où nos schémas de pensée et d’action sur l’espace s’affichent comme dans un grand livre ouvert. Les paysages fabriqués par l’homme y sont à la fois défensifs et brutaux, marqués par le rapport de force. Mais ils sont aussi touchants et fragiles dans leur dérisoire volonté de contrôle.

Guillaume Bonnel vit et travaille à Boucau. Il est un membre fondateur du collectif d’artistes l’Œil arpenteur.

L'exposition a été réalisée en collaboration avec Photon- Toulouse et Ludec.

Pavillon de l'architecture - Place de la Monnaie - Pau
Entrée libre du lundi au jeudi de 14h à 18h. Ouverture en matinée de 9h à 12h mêmes jours sur rendez-vous. L'exposition sera exceptionnellement ouverte les samedis 7 décembre et 11 janvier de 14h à 17h.
Fermeture le mercredi, vendredi et du 21 décembre au 6 janvier 2014.