Qu'elle prenne la forme de mobiliers, de costumes ou de conférences-performances, la pratique de Sébastien Rémy se déploie à partir de temps de recherche sur des sujets spécifiques, tels les musées dépossédés de leur collection, les identités versatiles et l'abandon de l'art. Elle puise dans la littérature, l'histoire de l’art et du cinéma, en explorant les marges. Les formes produites, aussi autonomes soient-elles, sont envisagées comme des interfaces à partir desquelles la parole circule. La parole en effet, constituée le plus souvent de multiples voix, engagée à l'occasion de conférences, de discussions ou de médiations, y occupe une place centrale, comme lieu de savoir et de découverte de l’autre.
Dans le cadre de plusieurs projets récents, Sébastien Rémy a mené des recherches sur l'histoire de lieux d'exposition. Ces sites, souvent reconvertis, sont empreints de narrations et conservent des traces de leurs usages passés. Si le centre d'art image/imatge est un lieu d'exposition dédié à l'image fixe et en mouvement, ses espaces abritèrent jusqu'en 1978 le cinéma Gaston Phoebus. À partir d'investigations documentaires et d'une série d'entretiens menée avec d'ancien.nes habitué.es du cinéma, Sébastien Rémy vise à reconstituer une partie des espaces et des activités du Phoebus que peu d'archives relatent. Générant un espace trouble, son projet d'exposition entremêlera les différents moments du site.
Qu'il s'agisse de moquettes imprimées, de costumes sérigraphiés, d'impressions lenticulaires ou sur vinyl, une part importante du travail de l'artiste tend à explorer la plasticité des images. En travaillant avec l'usine Moutet et Martin Impressions, deux entreprises reconnues pour leur savoir-faire liés à l'image, les images créées pour l'exposition, sur des supports multiples, viendront questionner un autre régime d'images, celles diffusées par le feu ciné Gaston Phoebus.